Espionnage et "baby-sitting" [Mission de rang B]

Invité

Le réveil sonna, si bien que le son perça les tympans du jeune dormeur, le tirant brutalement du pays des songes. Il grogna, rechignant à faire le moindre geste. De toutes les choses que Nichol devait faire en une seule journée, c'était bien se réveiller qui était la plus dure et la plus redoutée. En plus, il ne voyait vraiment pas l'intérêt de faire sonner un réveil qui ne l'aiderait pas plus que ça à sortir d'un lit si douillet. C'est sans grand enthousiasme avec la mine encore endormie, qu'il se leva lentement et doucement sans se presser. Une nouvelle journée commençait, et il aurait certainement beaucoup de choses à faire. Pourquoi pas une mission par exemple? Leck ne manquait pas de le baratiner avec ça depuis un bon moment. Il disait souvent: "Tu t'entraînes beaucoup trop, tu ferais mieux de faire des missions!". Nichol n'avait rien répondu, il s'était juste contenté de prendre sur lui, comme d'hab'. De toute façon, on ne pouvait pas demander à Leck de se la fermer. C'était trop impoli pour être toléré. Déjà que Jin avait eu des problèmes avec lui de son vivant... Il ouvrit le frigo pour en sortir un pack de lait dont il déversa le liquide dans un verre transparent. Il but une petite gorgée avant de s'assoir sur le canapé et de laisser retomber sa tête sur le dossier, vers l'arrière. Il souffla un bon coup avant de fermer les yeux, essayant de se détendre. Il n'avait besoin que de quelques secondes de plus, pas plus...DRING! Il sursauta presque, bien que ce ne fut pas exactement le cas.

*Et merde...*

Il ne manquait plus que ça. Quelqu'un venait de sonner à sa porte, de le déranger quoi. Il poussa un soupir presque enragé avant de se lever et de se diriger vers la porte d'entrée. C'est sans même prendre le temps de s'arrêter qu'il ouvrit la porte d'un geste sec et rapide et qu'il vit sur son pallier un type en uniforme le regarder bêtement. Un facteur. Nichol lui lança un regard noir.

"Quoi?"

Même s'il savait qu'il pouvait paraître impoli et direct avec les gens, il ne se souciait guère d'améliorer son comportement. De toute façon, le facteur n'avait pas vraiment l'air de paraître gêné ou offensé, au contraire, il le regardait toujours aussi bêtement. L'homme en uniforme sortit un rouleau de sa sacoche et le lui tendit. Le ninja s'en saisit en le lui arrachant presque des mains.

"Bonne journée à vous monsieur", souhaita le facteur en toute amabilité.
" C'est ça, au revoir", répondit Nichol en un grognement avant de refermer subitement la porte au nez de son interlocuteur.

Ce n'était pas la faute au mec, le jeune homme n'aimait tout simplement pas qu'on vienne lui annoncer de mauvaises nouvelles. Or, il savait déjà ce que contenait ce maudit parchemin. Leck mettait toujours ses menaces à exécution et c'était pour cette raison que Nichol le haïssait et l'admirait aussi. Il avait un sacré cran. Il regagna le salon et y déposa le parchemin sur la table sans s'en préoccuper davantage. Il verrait ça après, il avait autre chose à faire. Il devait tout d'abord prendre une bonne douche, puis s'habiller. Enfin... il n'avait pas grand chose à mettre, juste son pantalon et ses bottes. Il fila donc dans sa salle de bain et se déshabilla - il fallait aussi dire qu'il n'avait pas grand chose à enlever non plus. Il fit couler l'eau dans sa baignoire, ayant envie de prendre son temps et de ne pas se presser. Après tout, c'était samedi non? Il entra dans l'eau brulante et s'installa dans le bac, en s'affalant sur le rebord. Dommage qu'il n'ait pas assez fait de missions ce mois-ci pour prendre des vacances, il s'en serait donné à cœur joie! Le gros problème, c'était qu'il passait plus de temps à s'exercer au lancer de son arme qu'à se rendre utile auprès de son village d'adoption. Jin le traiterait sûrement de "saloperie d'égoïste" s'il était encore de ce monde. Mais tant pis, le vieux était mort depuis trois ans. Deux minutes plus tard, il se décida à se retirer de son bain, visiblement mal à l'aise. Finalement, il n'aimait pas faire traîner une mission, même si cela l'ennuyait au plus haut point. Cela le frustrait, surtout qu'il savait que Leck était capable de se rendre chez lui sans son autorisation s'il savait qu'il n'avait toujours pas quitté son domicile. Non, vraiment. Comment avait-il fait pour avoir son propre patron à dos? Parfois, il s'étonnait lui-même. Il attrapa la première serviette qui fut à portée de main pour l'enrouler autours de sa taille, cachant ainsi la partie intime de son corps. Il se dirigea vers la table où il avait déposé plus tôt le rouleau de mission. C'est d'un geste rapide et précis qu'il brisa le cachet et en lut le contenu.

Destiné à: Jimesai.K Nichol - Jounin de l'Ordre des sept épéistes
Code d'identification: 0257885/PO5
Objet: Mission de rang B

Un criminel vient de finir sa peine, il est maintenant en liberté à Kiri. Pour plus de sécurité , espionnez le et intervenez en cas de nouveaux délits.

Bonne chance,

L'intendant du village, Leck D.

Nichol sentit presque sa langue se détacher toute seule lorsque ses yeux s'arrêtèrent sur le rang de la mission. Rang B? Ils se foutaient de sa gueule ou quoi? C'était aux chuunins de faire ça! Pas à lui! Mais où est-ce qu'ils allaient avec leurs conneries? Il jeta le rouleau dans la petite corbeille en plastique située à quelques mètres de sa gauche, nerveux. Il était coincé, là. S'il refusait, il allait avoir tous les anciens épéistes à dos sans compter un éventuel pétage de plomb de la part de Leck. Comme pour se calmer, il contracta la mâchoire écrasant ainsi ses dents les unes contre les autres. Il s'empressa ensuite d'aller chercher son manteau noir en cuir dans sa chambre et d'y fixer derrière l'Alligator qui pesait toujours quelques menus kilos.

* J'vais la faire ta mission, Leck. Fiches-moi la paix après, compris? *

Si seulement il pouvait parler comme ça à un Kage, tout serait si simple. Mais non, il devait se contenter de jouer aux petits toutous qui léchaient les fesses de leur maître et qui le suivaient même dans la boue alors que ce dernier naviguait en bateau. Il sortit de chez lui, et referma la porte à clef après avoir franchit la limite entre son appartement et le monde extérieur. Puis il descendit rapidement les escaliers pour se retrouver dehors, dans la rue. Il regarda à droite et à gauche, réfléchissant au chemin qu'il devait prendre. Bon, par où commencerait-il? A droite ou à gauche? Il choisit la première option et fourra ses mains gantées dans les poches de son pantalon, sentant l'air frais et humide de l'air agresser sa peau légèrement timbrée. Il leva les yeux aux ciel, remarquant sans grande surprise que le temps n'avait pas changé depuis hier: une épaisse brume, une matinée sans soleil. Ceci dit, ça n'empêchait pas les gens de sortir dans les rues pour régler leurs petites affaires. Il se retrouva bientôt dans l'avenue principale, déjà pleine à craquer d'habitants. Bon, ok. Comment faisait-il pour trouver l'individu si on ne lui avait pas donné de quoi l'identifier? Sacré Higuchi, toujours aussi fainéant. Nichol se demanda dans quel d'endroit un ex-taulard se rendrait-il en premier. Une idée germa soudain dans son esprit jusqu'alors si confus. Il faillit presque en sourire.

* La maison close.*

Le Paradis bien sûr. Nichol emprunta aussitôt la ruelle à sa droite et s'y enfonça. Avec un peu de chance, son manque de femme lui aurait monté à la tête. A moins qu'il ne soit pas hétéro, dans ce cas il improviserait. Après tout, tout ce qu'il devait faire c'était l'espionner, non?

Le parfum de la liberté embaumait en ce jour. Un criminel condamné pour vol caractérisé venait de se faire libérer après trois ans de prison. Sa dette envers la société avait été payée. Mais quelque chose faisait penser qu'il s'agissait d'un récidiviste. Le criminel, malgré un éloignement certain et de longue date des femmes ne se sentait pas l'envie de rejoindre les courtisanes. Depuis sa capture, il devait revoir quelqu'un. Le dernier domicile connu de cette personne était dans la ville basse, et l'ex détenu s'empressa de rejoindre les ruelles sombres et malfamées.

Invité

"Vous en êtes bien sûr?"

Le gérant qui devait être âgé d'une cinquantaine d'années lui rendit un regard mou, peu convaincant. Il venait de lui affirmer qu'il n'avait pas encore accueillit de clients aujourd'hui. Les gens étaient de bien mauvaise fois en ce jour. Nichol jura intérieurement avant de quitter la maison close sans même adresser un dernier regard à l'intéressé. Super, il n'avait plus qu'à chercher encore et encore. C'était génial. Une fois à l'extérieur, il songea à aller dire deux mots à Higuchi, le ninja chargé des missions. Il n'avait aucune photo pour identifier l'individu, et en plus de cela, il devait l'espionner. C'est de cette manière qu'il se rendit au bureau des missions sans plus attendre. Lorsqu'il entra dans la salle, il ne fut pas surpris de constater qu'Higuchi n'avait pas changé, toujours aussi avachit sur son fauteuil, son ventre se soulevant et s'abaissant en un rythme régulier. Une chose était certaine: il dormait. Comme toujours. N'étant pas de nature patiente, Nichol planta durement un de ses kunais dans le bois massif de son bureau. Higuchi se réveilla, sans même en être inquiété. Il leva simplement les yeux vers le jeune homme qui s'impatientait.

"Eh Nichol! Ca f'sait un bail dis-donc!"
" J'ai besoin d'info", enchaîna-t-il.

La mine d'Higuchi eut l'air de se dégrader sérieusement, prenant un air effronté.

"Ca peut pas attendre? C'est l'heure de..."
"Non."
"Ah. Cinq minutes?"
"Donne-moi les infos sur le type que je dois espionner."

Le ninja le plus paresseux du village souffla, visiblement ennuyé. Il commença à fouiller dans une liasse de papier, d'une lenteur déconcertante. Nichol essaya de prendre son mal en patience et fourra ses mains dans les poches de son pantalon. Tout en continuant ses recherches, Higuchi lui demanda:

"T'as ton ordre de mission avec toi, j'espère? Tu n'es pas la seule personne à surveiller un mec sortit dont-ne-sait-où."
"Je l'ai jeté."

Higuchi grogna, mécontent.

"Mais merde quoi! J'tavais déjà dit de les garder ces foutus rouleaux! J'vais encore devoir chercher!"
"La ferme, fais ton boulot et je ferais le mien..."
"Sale gosse! Respecte tes aînés au lieu de... oh!"

Le fainéant venait de trouver quelque chose, apparemment. Il avait poussé une exclamation de surprise tout en soulevant son bras droit, main fermée sur un petit dossier ne contenant pas plus de deux ou trois pages. Il agita la liasse de papier dans la direction du jounin après avoir survolé des yeux la couverture noire. Higuchi la jeta sans ménagement sur le bureau.

"Mission de rang B concernant un ex-taulard, c'est ça?"

Nichol se saisit du dossier et le feuilleta. Il quitta rapidement la salle, sans prendre en compte les grognements indignés d'Higuchi qui réclamait des remerciements qu'il n'aurait certainement jamais. Après tout, c'était normal, non? Ce type ne faisait jamais son boulot. Enfin, mis à part quand Leck le bougeait. Le jeune homme poussa du pied la porte du palais qui donnait sur l'extérieur. Une fois à l'air libre, il commença à lire les feuilles de papier. Le mec concerné se nommait Maro Mizashi, condamné pour vol. Rien d'exceptionnel, pas un gros dur comme on pourrait le penser. Un homme grand, brun et musclé. D'après les informations énoncées, il serait plutôt du genre à trainer dans les bas-quartiers du village, dans des endroits assez louches comme le diraient certains. Ok. Si on ne lui disait pas grand-chose au sujet de cette mission, il devrait donc improviser. "Donner de la consistance à la mission", comme aimait le dire Jin.

Les bas-quartiers de Kiri n'étaient pas le genre d'endroit à fréquenter, et les gens de haut rang ne s'y aventuraient généralement pas, se contentant de les éviter. Ce sont dans ces lieux que naquirent les plus grands criminels du village. Bref, ce n'était pas la réputation de ces quartiers qu'il fallait vanter, mais bien sa dangerosité. Pourtant, ce n'était pas quelques ruelles sombres qui feraient peur à Nichol, qui avait le don de très bien se marier avec le paysage. Il devait être un peu moins de midi, et il y avait déjà quelques personnes dans les quartiers, qui étendaient leur linge ou sortaient acheter de quoi faire déjeuner toute une famille. Nichol pouvait constater que peu de commerce étaient ouverts, et qu'il n'y avait rien de rassurant mis à part des vitrines brisées, ou bien des volets abîmés et dépeints. Il se visualisa mentalement le portrait de l'homme tout en essayant de le repérer parmi les gens qu'il rencontrait. Pour l'instant, il n'avait croisé que des vieux, des femmes et des gosses, ainsi que quelques hommes ne correspondant pas aux critères donnés. Ne se décourageant pas pour autant, il continua sa route. Parmi les personnes qu'il croisait, certaines l'ignoraient, d'autres le regardaient. Il ne se soucia pas de savoir si ces regards étaient haineux et méfiants, il savait d'ors et déjà que tout ce qui représentait l'ordre n'était pas populaire dans le coin. Son regard fut soudainement attiré par un homme de grande taille, brun. Ce dernier avait l'air d'être déterminé à rejoindre un endroit précis. Voilà qui était étrange... Nichol se mit à le suivre, mettant une certaine distance entre lui et l'homme histoire de ne pas être suspecté. Après tout, il se fondait bien dans le paysage à ce qu'on disait sur lui. Alors il n'avait pas de quoi s'inquiéter.

Le criminel marchait d'un pas décidé et prit la rue à droite, nommée "rue des mandales". Il passa deux carrefour, et prit ensuite la seconde à gauche, "rue des mendigots". Une porte attira son regard, et il prit de la vitesse. Arrivé devant, il sembla hésiter. Il se retourna en se mordant le pouce, l'air inquiet, puis se tourna une nouvelle fois face à la porte. Il leva une main tremblante, se mordit la lèvre, et frappa. Il patienta encore quelques secondes. Le temps lui sembla être des heures. La minute passa, et il hésita à frapper une nouvelle fois à la porte. Mais cette dernière s'ouvrit légèrement. Dans l'entrebâillement, il sombre silhouette passa ses doigts sur le coin de la masse en bois. L'ex taulard murmura quelque chose, et la silhouette laissa sa place pour que l'homme entre dans la demeure. Il regarda à gauche, puis à droite, et se décida.

À l'intérieur, à la faible lumière vacillante de quelques bougies, un enfant étudiait ses leçons. L'homme s'en approcha, et se présenta au gamin comme étant son père. Oui, le criminel avait laissé une femme et un enfant. Le garçonnet était aujourd'hui à l'académie, depuis quelques mois seulement, et le paternel avait raté son entrée. Il avait raté bien plus que cela. Celle qui était encore à ce jour sa femme regarda les retrouvailles entre son enfant de 6 ans et son voleur de mari, les bras croisés. Elle n'était pas réellement heureuse de le revoir. Elle avait encore des choses à régler avec lui.

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